mercredi 28 janvier 2009

Genève / Rapport initial sur la CEDEF

Haïti réussit son examen

« Nous vous remercions pour le rapport, pour les réponses à nos questions, pour ce franc-parler et pour cette passion ».

C’est en ces termes que la présidente du Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes s’est adressé à la cheffe de la délégation haïtienne, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, à l’issue d’une longue journée de discussions ayant suivi la présentation officielle par Haïti de son rapport sur l’application de la CEDEF, le 27 janvier (2009), au Palais des Nations, à Genève (en Suisse).

Naila Gabr a salué « le mouvement politique, social et législatif qu’a engendré la préparation de ce rapport ».

L’experte, de nationalité égyptienne, a émis le vœu que ce mouvement se traduise par « des amendements dans des législations, par de nouvelles législations et aussi par des mesures dans le domaine des services sociaux essentiels pour la femme, comme l’éducation, le travail, la santé et le planning familial ».

Haïti est parvenue à produire pour la première fois - vingt-cinq ans après avoir signé la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes - un rapport d’application de la CEDEF qui vaut pour le rapport initial de 1982 et les six rapports périodiques subséquents.

La ministre à la condition féminine et aux droits de la femme a dit compter sur l’appui du Comité de suivi de la CEDEF pour que le gouvernement haïtien puisse produire de façon régulière (tous les quatre ans) les rapports. « Il s’agit d’un commencement. Et grâce aux recommandations et à votre appui, nous allons pouvoir continuer à lever les autres obstacles qui sont encore tenaces », a souligné Marie Laurence Jocelyn Lassègue.

Dans ses propos liminaires, la cheffe de la délégation haïtienne a eu à faire le bilan des avancées enregistrées et à dégager des perspectives. Marie Laurence Jocelyn Lassègue a souligné « la nécessité d’une politique d’ensemble, d’une politique nationale d’égalité ».
Le rapport initial d’Haïti a été analysé au peigne fin par une cinquantaine d’experts (de la CEDEF) à la lumière des principaux articles de la convention.

Les questions des experts ont porté entre autres sur les mécanismes prévus pour garantir la soumission de manière régulière des prochains rapports (d’application de la CEDEF), la prise en compte par les textes de loi de la définition de la discrimination proposée dans la convention, les démarches devant concourir à la vulgarisation du document, la nécessité d’une volonté politique claire pour accélérer le vote des projets de lois (relatifs à l’égalité de genre et à la participation politique des femmes) déposés (ou à soumettre) au Parlement, la nécessité de renforcer le rôle du médiateur (Office de la protection du citoyen et de la citoyenne) en matière de protection des femmes.

Les réponses à ces questions et à de nombreuses autres ont été fournies tour à tour par la ministre Marie Laurence Jocelyn Lassègue, dans son rôle de chef d’orchestre, le président du Sénat Kelly Bastien, le secrétaire d’État à la justice chargé de la réforme judiciaire Daniel Jean, la consultante nationale (pour le premier rapport d’application de la CEDEF) Adeline Magloire Chancy, l’experte-conseillère en égalité des sexes (au Ministère à la condition féminine) Myriam Merlet, le directeur général du Ministère de la santé publique et de la population Gabriel Thimothée, la directrice de la DPAG (Direction prise en compte de l’analyse selon le genre du MCFDF) Rose Esther Sincimat et la cheffe du service des droits des femmes et enfants au Ministère des affaires sociales Laure Garçon.

La prestation de la délégation a été fortement appréciée par le comité de suivi de la CEDEF. Haïti est attendue au tournant, sur le terrain de l’implémentation des actions annoncées.

INTÉGRATION RÉGIONALE

Haïti, siège du 14e Conseil des ministres de l’AEC

Port-au-Prince accueillera, du 28 au 30 janvier 2009, la 14e réunion ordinaire du Conseil des ministres de l’Association des États de la Caraïbe (AEC). Une trentaine de délégations de la région prendra part à cette réunion. C’est le ministre haïtien des Affaires étrangères, Alrich Nicolas, qui en a fait l’annonce dans une rencontre avec la presse lundi.

Au cours de la conférence de trois jours qui sera présidée par le chancelier haïtien, les délégués, représentant les 25 États membres et 3 autres États associés, discuteront du commerce, du tourisme durable, du transport, des catastrophes naturelles, de la coopération fonctionnelle et de la mer des Caraïbes.

Seront également à l’ordre du jour l’impact du changement climatique sur les catastrophes naturelles dans la Grande Caraïbe, la réforme et le renforcement institutionnel de l’AEC, le bilan de l’association pour la période 2008-2009, le suivi des décisions prises lors du 13e Conseil des ministres, etc.

« Avec cet évènement d’envergure internationale, Port-au-Prince pourra reprendre sa place de capitale diplomatique de la région, en plus de la possibilité pour le pays d’obtenir des fonds pour faire face aux changements climatiques et s’attaquer aux problèmes environnementaux », s’est réjoui Alrich Nicolas.

L’organisation de cet évènement sera un succès de l’avis du ministre des Affaires étrangères, affirmant qu’« l’événement contribuera à rehausser l’image d’Haïti à l’extérieur ».

Le conseiller politique du ministère des Affaires étrangères auprès de l’AEC, Watson Denis, a indiqué pour sa part que les pays concernés manifestent de l’intérêt pour la réunion. Vingt ministres et chefs de délégations ont déjà confirmé leur participation. Les organisateurs s’attendent à accueillir environ 130 délégués à ce 14e Conseil dont le coût est estimé à 250 000 dollars.

La convention créant l’AEC a été signée le 24 juillet 1994 à Carthagène en Colombie, soit trois ans après la fondation de l’association, dans le but de promouvoir la consultation, la coopération et l’action concertée entre tous les pays de la Caraïbe.

L’AEC a pour objectif de renforcer le processus de coopération et d’intégration afin de créer un espace économique élargi dans la région ; préserver l’intégrité environnementale de la mer des Caraïbes qui est considérée comme un patrimoine commun des peuples de la région ; promouvoir le développement durable de la Grande Caraïbe.

L’AEC compte 25 États membres qui ont le droit de participer et de voter de plein droit aux réunions des Conseils des ministres et des comités spéciaux de l’association.

REPUBLIQUE DOMINICAINE/HAITI/ENVIRONNEMENT

250 000 réchauds à gaz pour promouvoir la protection de l’environnement !

Par Sylvestre Fils Dorcilus


250 000 fours à gaz et bombonnes seront distribués gratuitement, sur une période de trois mois, à des familles haïtiennes vivant, pour la plupart, dans les régions les plus reculées du pays à partir du 1er février 2009. Cette initiative vient du consortium dominicain Excel Gas, spécialisé dans la distribution et la commercialisation du gaz de pétrole liquéfié (GPL), dont le lancement des opérations en Haïti a eu lieu, vendredi écoulé, en présence de plusieurs personnalités, entre autres, l’ambassadeur italien pour l’Ile, Enrico Guicciardi, le ministre de l’Environnement, Jean-Marie Claude Germain, et du président de la Fondation Espoir, Hans Tippenhauer.

Selon Vincenzo Odoguardi et Annie Fiorentino respectivement président de Mundogas Americas Dominicana S.A. et d’Excel Gas, « cette première démarche d’Excel Gas, qui rentre dans sa politique de protection de l’environnement, ne se limitera pas à la distribution et à la commercialisation du GPL, mais se propose d’éduquer les consommateurs afin de promouvoir l’utilisation du gaz propane et combattre la déforestation et sensibiliser sur l’importance de l’utilisation du gaz propane à la place du charbon de bois. »

La commercialisation du GPL en Haïti a été rendue possible grâce à un accord d’exclusivité signé entre Excel Gas et la Mundogas Americas Dominicana S.A., une compagnie basée à Azura et responsable de la gestion d’un terminal de GPL qui appartient à l’État dominicain, a indiqué Vincenzo Odoguardi. Il a précisé que « les représentants du consortium Excel Gas rencontreront les distributeurs haïtiens et ceux intéressés à la commercialisation du gaz propane dans les différentes villes du pays et signeront des accords avec les secteurs qui militent en faveur de la protection de l’environnement et la sauvegarde des ressources naturelles ».

Les deux responsables dominicains ont souligné, par ailleurs, que l’arrivée en Haïti de l’entreprise Excel Gas contribuera à réduire le coût de leurs opérations, car l’État dominicain a accordé au consortium une exemption de toutes taxes fiscales. Cette mesure, selon Vincenzo Odoguardi et Annie Fiorentino, représente la contribution de l’État dominicain au développement socio-économique d’Haïti.

Excel Gas, qui a reçu l’autorisation du gouvernement dominicain à développer ses activités sur Haïti (savoir transporter et commercialiser le gaz propane en provenance de la république voisine) par un décret de la secrétairerie d’État de l’Industrie et du Commerce, n’a pas encore, cependant, tout finalisé avec le gouvernement haïtien. Car, a indiqué Annie Fiorentino, présidente de la compagnie, les responsables de Excel Gas sont toujours en négociations avec les autorités haïtiennes.

En attendant la fin des pourparlers entre les responsables de la compagnie et les autorités haïtiennes, le ministre de l’Environnement, Jean-Marie Claude Germain a, au nom du gouvernement, salué l’initiative qui, estime-t-il, « peut grandement contribuer à la protection de l’environnement haïtien, surtout en matière de déboisement ».

Une initiative à encourager !
Pour Hans Tippenhauer, PDG de la Fondation Espoir qui travaille dans la protection de l’environnement, il faut que tous les secteurs, inconditionnellement, encouragent l’initiative en cours si l’on veut parvenir à protéger effectivement l’environnement haïtien en matière de désastres causés par le déboisement assidu.
Convaincu que le propane peut remplacer efficacement le charbon de bois, Hans Tippenhauer a mis l’accent sur les nombreux avantages, dont la création d’emplois, à l’instar de tous autres secteurs d’activités, qu’il peut générer. Car, a-t-il soutenu, « le propane a toute son utilité et peut permettre un environnement sain ».

Par ailleurs, M. Tippenhauer a déploré qu’entre 98 % à 99 % de l’énergie consommée dans les foyers haïtiens proviennent, selon des statistiques, du charbon de bois ; ce qui réduit à 1,25 % la couverture forestière dans le pays. Il a averti que « si rien n’est fait pour mettre fin à la coupe anarchique et accélérée des arbres à travers le pays, nous passerons en-dessous de ce seuil critique de couverture végétale d’ici 2016 ».

Hans Tippenhauer a renouvelé la détermination de sa fondation de continuer à lutter en faveur de la protection de l’environnement haïtien en dépit des difficultés, et promis tout son appui à la compagnie Excel Gas.