jeudi 26 février 2009

PORT-AU-PRINCE / CARNAVAL 2009

Les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs !

Fini le branle-bas en vue de la réalisation cette année d’un carnaval de rêve ! Les résultats sont maigres quant aux performances des acteurs sur les plans organisationnel, musical et artistique. Les organisateurs ne sont pas parvenus à développer le thème de l’évènement (men nan men lavi ka bèl) et à assurer sa promotion.

Les médias mobilisés pour la circonstance, en l’occurrence « la revue Banda et surtout la Radionaval, ont consacré la plupart de leurs espaces et temps d’antennes à rapporter des causeries artificielles et à diffuser des méringues carnavalesques.

Le civisme, le comportement exemplaire des « carnavaliers », la politique d’assainissement de la mairie de Port-au-Prince sur le parcours et le site du carnaval (Champ de Mars) pendant les trois jours gras, l’expression prononcée des aspects artistique et culturel sont parmi les éléments prioritaires qui ont été laissés aux oubliettes.

Des stands inachevés, l’absence de couleurs, les couacs à répétition et les mauvais timings d’intervention sur le parcours révèlent à quel point les organisateurs n’avaient pas la maîtrise de l’évènement dans sa globalité. Un remorqueur de char était en panne, ce qui avait handicapé le cortège le premier jour gras. Pas mal de « carnavaliers » ont relaté leurs frustrations au micro de la presse et condamné la mauvaise gestion des opérations.

Et, pourtant, des réflexions sur la problématique d’un carnaval réussi à Port-au-Prince semblent avoir été produites plus d’un mois d’avance, selon plusieurs membres du comité d’organisation dont on sait qu’ils avaient passé au peigne fin les tâches à accomplir au moment du lancement des festivités le 8 janvier dernier.

Sur le plan musical, le bilan du carnaval 2009 a été terne. Les principaux groupes musicaux n’ont pas fait preuve de créativité cette année, car aucune méringue n’a réellement fait la différence. En outre, les textes pour la plupart se sont révélés d’une très grande pauvreté.

Aussi, très peu des formations musicales ont-elles réussi à créer une animation soutenue sur le parcours. Enfin, elles ont été dans leur majorité confrontées à des problèmes de sonorisation pendant les trois jours gras.

Polémiques, polémiques…

La non disponibilité à temps des allocations prévues par le gouvernement pour la réalisation du carnaval est la cause véritable des trébuchements, a argué un responsable de la mairie de Port-au-Prince.

Le ministre de la Culture, M. Olsen Jean Julien, qui a qualifié de réussite le carnaval 2009 sur le plan esthétique, a formellement souligné que, selon un protocole d’accord signé entre son ministère et la mairie de Port-au-Prince, le déblocage des fonds pour l’organisation des festivités carnavalesques devait être effectué sur la base de trois versements successifs : 12 millions de gourdes pour les exercices pré carnavalesques, 24 millions qui couvriront les dépenses des trois jours gras, et 4 millions de gourdes pour acquitter tous autres frais relatifs au salaire du personnel mobilisé en la circonstance.

Les décaissements sont bel et bien effectués suivants les modalités établies, a-t-il déclaré. Cependant, une semaine avant la tenue des festivités, un membre du sous-comité artistique du carnaval s’en était lavé les mains et n’avait pas caché l’incapacité de la structure qu’il dirige à garantir le plein succès de l’évènement sur le plan artistique et esthétique.

Il imputait les difficultés au retard accusé par le ministère de la Culture pour débloquer les fonds nécessaires à la réalisation du carnaval. « Voilà que tout devait être prêt maintenant, alors que nous sommes encore dans l’incertitude », avait martelé Prince Guetjens , lors d’une conférence de presse.

Deux instances institutionnelles diffusant des informations contradictoires… Sur le plan organisationnel, n’était-ce pas la chronique d’un échec annoncé ?

Et encore la polémique…

La gestion du carnaval est loin d’être une chose facile, a estimé le ministre de la Culture. Olsen Jean Julien, lors d’une communication à la presse, a expliqué les raisons pour lesquelles de longues étapes restent à franchir pour parvenir à la réalisation d’un carnaval à la perfection.

« Cet événement culturel organisé régulièrement depuis un siècle en Haïti n’est pas suffisamment évalué pour arriver à sa maîtrise totale sur le plan organisationnel », a jugé le ministre Jean Julien qui a informé que des démarches sont en cours afin d’établir une structure permanente dotée de la mission de réaliser une gestion plus efficace du carnaval.Le ministre a annoncé la création d’une institution composée des entités incontournables dans l’organisation du carnaval.

Selon M. Jean Julien, les ministères du Tourisme, de l’Intérieur, la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, l’Institut de sauvegarde du patrimoine nationale (ISPAN), le Bureau national d’Ethnologie (BNE), l’Université d’État d’Haïti (UEH) peuvent œuvrer d’un commun accord afin de définir de nouvelles orientations pour la planification de cet événement culturel.

Le maire Jean Muscadin Yves Jason a lui aussi annoncé la mise en place d’un bureau permanent devant prendre en charge l’organisation du carnaval. S’agit-il de la même entité ou de deux entités différentes ?

Hudler Joseph (Source : Le Matin du jeudi 26 février 2009)

SANTÉ/LUTTE CONTRE LES MALADIES DE LA VUE

Par Sylvestre Fils Dorcilus

La cataracte : cette méchante infection oculaire aux dégâts irréversibles !

Les maladies des yeux, à travers les différentes régions du pays, prennent de plus en plus d’ampleur. Près de 60 000 personnes sont atteintes de la cataracte qui accuse le plus fort pourcentage de toutes les maladies de la vue, soit 50 % à 65 % et est à la base de la cécité. Pourtant, la plupart de ces affections pourraient être évitées. Cela, en respectant les mesures élémentaires d’hygiène.

Parmi les maladies des yeux les plus fréquentes en Haïti, on recense la cataracte, le glaucome, la rétinopathie diabétique, l’erreur de réfraction, la conjonctivite, l’amétropie ou trouble de la réfraction… Mais, celles qui conduisent à la cécité sont principalement la cataracte et le glaucome. Cependant les données statistiques relatives à ces maladies ne sont pas toujours disponibles.

La cataracte, avec plus de 60 % de cas recensés, soit environ 60 000 personnes atteintes, est d’ailleurs la première cause de cécité en Haïti. Elle est suivie du glaucome qui enregistre un taux estimé entre 20 % à 25 %. La rétinopathie vient en troisième position avec un taux de 5 %. Pour les autres pathologies oculaires, les données statistiques ne sont pas aussi disponibles.

Parlant des maladies des yeux qui évoluent vers la cécité, le Dr Frantz Large soutient qu’il y a des affections oculaires relativement courantes. Mais, à côté, d’autres peuvent être complexes comme la « cataracte capsulaire postérieure ». Elles peuvent même endommager l’œil.

Expliquant le processus par lequel l’œil peut être atteint, il fait savoir qu’en tant qu’organe de la vue, l’œil est constitué de milieux transparents devant conduire la lumière de l’extérieur vers la rétine.

La cataracte, fait remarquer Dr Large, frappe une personne à tout âge, car, dit-il, il y a plusieurs types de cataracte, dont les congénitales dues en partie à certains déficits métaboliques et génétiques. D’où, précise Frantz Large, la nécessité d’insister sur l’importance d’introduire dans le programme de santé primaire la vaccination contre la rubéole et les précautions que les femmes enceintes doivent adopter face aux enfants ayant des boutons au visage.

« La Société haïtienne d’ophtalmologie (Sho) n’est pas préoccupée par les maladies des yeux seulement pour des raisons humaines, mais également économiques », a indiqué le Dr Frantz Large, insistant sur la nécessité d’initier la notion de soins oculaires dans chaque hôpital ou centre de santé des zones « reculées » du pays, où l’on puisse administrer les premiers soins nécessaires et faire des opérations chirurgicales dans le cadre de la prise en charge.
Dix mille cas de cataracte. C’est le nombre de personnes atteintes approximativement de la cataracte chaque année en Haïti.

Sur une population estimée à 9 000 000 d’habitants, seulement 30 % environ ont accès à des soins ophtalmologiques. Ces chiffres, de l’avis du Dr Frantz Large, président de la Société haïtienne d’ophtalmologie, sont loin de traduire la réalité. « Ces chiffres ne signifient pas grand-chose, dans la mesure où ils ne représentent que ceux qui sont pris en charge en partie. »

Sur cette donne se greffe le fait que « les autorités sanitaires n’ont fait de la lutte contre les maladies de la vue leur priorité, les quelques structures sanitaires spécialisées ne répondent pas aux besoins des solliciteurs et qu’il n’y ait aucune prise en charge des personnes touchées », précise l’ophtalmologue, soulignant que la cécité frappe en général des personnes déjà sur le marché du travail, soit 3 % de la population.

Réduire la prévalence à la cécité !

Considérant la maladie visuelle comme une véritable problématique dans le pays, Frantz Large, en vue de réduire le taux de prévalence à la cécité provoquée surtout par la cataracte et le glaucome, a renouvelé la détermination de la société qu’il dirige et du Comité national de la prévention de la cécité (CNPC-Haïti) dont il vient d’être nommé secrétaire exécutif, de travailler aux côtés des autorités pour élaborer des programmes de prévention en faveur de la population.

Il dénonce également certains médecins non ophtalmologues qui s’avisent souvent de faire des examens visuels qui ne répondent pas aux critères adéquats et délivrent des certificats audiovisuels. Des pratiques qui, déplore-t-il, font plus de tort que de bien à la population.

Les maladies qui provoquent la cécité peuvent être évitées dans de nombreux cas. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les propos du Dr Frantz Large qui soutient : « Dans la grande majorité des cas, la cécité est évitable ou curable. Ce qui veut dire qu’il y a quelque chose à faire ».

Ainsi, pense-t-il, la cécité doit figurer parmi les questions de santé prioritaires, dans la mesure où elle est plus ressentie que la plupart des affections mortelles. Pourtant, « elle doit bénéficier du regard neuf des décideurs politiques », conclut le président de la Société haïtienne d’ophtalmologie (Sho).

ENVIRONNEMENT/CHANGEMENT CLIMATIQUE

« Un problème sans solution », déclare le ministre Germain

Par Sylvestre Fils Dorcilus

Devant une assistance composée de plus d’une cinquantaine d’artistes, d’acteurs, de journalistes, de comédiens… dans le jardin du ministère de l’Environnement à Juvénat, au Canapé-Vert, le mercredi 19 février dernier, le ministre Jean-Marie Claude Germain, a déclaré que « le réchauffement climatique se révèle un problème sans solution. En conséquence, il est préférable aux Haïtiens de s’adapter à cette situation ».

À l’instar d’un expert des questions climatiques, Jean-Marie Claude Germain a, pendant une intervention d’une dizaine de minutes, attiré l’attention sur les conséquences de ce nouveau fléau mondial en vue de sensibiliser tout un chacun, notamment les artistes, sur le rôle à jouer dans la lutte pour la protection de l’environnement.

« Le réchauffement climatique est déjà à nos portes », a lancé le ministre, rappelant les tristes images des Gonaïves après le passage successif des tempêtes et ouragans dévastateurs, particulièrement Jeanne en 2004. En plus des conséquences immédiates, M. Germain en a prédit d’autres pour le long terme. « Des conséquences qui vont venir de la fonte des glaciers qui est devenue irréversible et qui donne des signaux sur la montée des mers », a-t-il précisé.

Les conséquences sont visibles !

Les conséquences immédiates du changement climatique sont visibles aujourd’hui en Haïti comme dans d’autres pays du monde, notamment dans la Caraïbe, à travers les manifestations souvent violentes et meurtrières de la nature, notamment les cyclones, les tempêtes tropicales, les ouragans, les inondations… qui, d’année en année, pourront augmenter en intensité et feront beaucoup plus de victimes.

La meilleure solution à ce problème, selon le ministre de l’Environnement Jean-Marie Claude Germain, consiste à s’y adapter. Cependant, il a déploré qu’« Haïti n’ait pas assez de capacité pour pouvoir s’adapter, car plus un pays est pauvre, moins il a la capacité de s’adapter ».

Inquiet face à cette situation, M. Germain a promis de continuer son plaidoyer auprès de toutes les couches de la société civile et politique des différentes zones du pays pour les impliquer dans la lutte pour la préservation de l’environnement. Dans cette perspective, le ministère de l’Environnement a nommé 26 ambassadeurs de bonne volonté et hauts émissaires pour l’environnement et la prévention des risques et désastres.

Ces derniers sont pour la plupart des artistes, acteurs, comédiens, journalistes. Parmi ces ambassadeurs, on retrouve Michel Martelly, Gracia Delva, Fénel Valcourt (Jesifra), Roberson Alphonse (Le Nouvelliste), Compère Filo, Réginald Lubin et Lochard Rémy (Pasteur). Une modeste cérémonie de remise de plaques d’« Honneur et Mérite » a été organisée en la circonstance.

Les artistes s’engagent…

« Le ministre Germain nous a fait prendre conscience qu’il y a lieu de faire quelque chose, sinon, dans quelques années, ce sera le chaos. Pour notre pays, avec la déforestation que nous connaissons dans les zones plus prospères, il faut sensibiliser sur cette question », ont signalé les nouveaux ambassadeurs environnementaux.

Pour Michel Martelly : « Il est temps d’agir. Je suis ravi de l’initiative du ministre de l’Environnement. Il était temps dans le pays qu’on fasse un appel patriotique sur le changement climatique. Cette initiative est une bombe qui est lancée dans l’opinion publique, il faut qu’elle fasse son chemin et, pour cela, il nous faut l’accompagnement de l’État. »

« Il y a lieu de faire quelque chose, sinon ce sera le désastre. J’ai retenu dans l’intervention du ministre Germain l’immense obligation pour tous les secteurs en général et les artistes en particulier de s’impliquer dans cette lutte à travers leurs œuvres », a déclaré l’acteur et réalisateur Réginald Lubin.