mardi 10 février 2009

CARAIBES/TOURISME

Haïti à la tête du comité spécial sur le tourisme durable

Haïti assurera la présidence du comité spécial sur le tourisme durable pour la période 2009-2010, après avoir dirigé l’Association des États des Caraïbes (AEC) en 2008, a-t-on appris. Cette décision a été prise à l’issue de la 14e réunion du Conseil des ministres de l’AEC tenue à Port-au-Prince à la fin du mois de janvier 2009.

Comme président du comité spécial du tourisme, selon une note de la chancellerie haïtienne, Haïti aura à conduire la deuxième réunion des ministres du tourisme de la grande Caraïbe qui devra prochainement se dérouler à Barranquilla (Colombie).

Au dernier jour de ces assises déroulées dans un Hôtel privé de la capitale, le président René Préval avait évoqué la nécessité de faire d’Haïti une destination touristique de la région caribéenne. Des sujets relatifs au transport régional, au tourisme durable, au changement climatique et aux catastrophes naturelles ont été à l’ordre du jour.

Vice-président de l’AEC pour le fonds spécial, Haïti assurera parallèlement la présidence du comité spécial sur la réduction des catastrophes, puis la vice-présidence du comité spécial sur le développement du commerce. Pour cela, le dixième forum des hommes d’affaires de l’AEC aura lieu en Haïti en septembre 2009.

Pour faciliter la pleine réussite de ce forum, les autorités haïtiennes promettent déjà de mettre à profit l’expérience des États membres et associés de l’AEC qui ont eu, dans le passé, à organiser le même type d’activité. À la 14e réunion du conseil des ministres de l’AEC, plusieurs accords ont été adoptés par les pays membres et associés de cette organisation régionale, dont la présidence pour 2009 revient à la Colombie.

Ces accords concernent l’établissement d’un centre de promotion de langues et de cultures dans la grande Caraïbe, la prévention des catastrophes naturelles, la convocation de la deuxième réunion des ministres du tourisme de la région ainsi que le budget de l’AEC.

PARLEMENT / SALAIRE MINIMUM

Un premier pas vers un éventuel passage à 200 gourdes

Les députés ont voté, le jeudi 5 février 2009, la proposition de loi de leur collègue Steven Benoît portant le salaire journalier minimum à deux cents gourdes, soit une augmentation de près de 200 % par rapport au salaire en vigueur depuis 2003, savoir soixante dix gourdes.

Par ce vote, les députés ont confirmé leur décision, prise la veille, de ne pas donner suite à une correspondance de l’Exécutif leur demandant de surseoir sur le vote de cette proposition de loi. Constituée de sept articles, la proposition Benoît fixe le salaire minimum dans les établissements industriels et commerciaux à deux cents gourdes par jour de huit heures de travail.

« Chaque année, dans les trente jours qui suivent la publication officielle par l’IHSI de l’indice général des prix à la consommation pour le dernier trimestre de l’année fiscale écoulée, la Commission tripartite de consultation et d’arbitrage se réunit, le cas échéant, jusqu’à la constitution du Conseil supérieur de salaire prévu par le Code du travail en vue de recommander un ajustement du salaire minimum en fonction des indices du coût de la vie, dans le cadre et les limites de son mandat », prescrit l’article 5 de la proposition de loi.

Selon la procédure, les membres de la Chambre basse ont d’abord voté le rapport de la Commission des affaires sociales qui était chargée de l’analyse du texte. Ensuite, ils ont voté la proposition de la loi. Après la présentation du rapport de la Commission des affaires sociales, les débats ont porté d’une part sur le traitement des travailleurs agricoles et, d’autre part, sur les deux cents gourdes réclamées par le député Steven Benoît et les cent soixante quinze gourdes suggérées dans le rapport de la Commission.

Les députés ont également analysé les éventuelles conséquences de cette proposition de loi sur l’emploi en Haïti ainsi que sur la production nationale. Certains parlementaires ont également attiré l’attention sur le fait que des membres du personnel de l’Administration publique touchent moins de soixante dix gourdes la journée, le salaire minimum en vigueur.


Au terme des discussions, trente députés sur cinquante-et-un ont voté le rapport de la Commission, avec modification de l’article premier, fixant le salaire minimum à deux cents gourdes dans les établissements industriels et commerciaux. Quarante-trois députés ont voté en faveur de la proposition de loi. Cette proposition sera soumise pour vote au Sénat. Si elle réussit à obtenir la bénédiction du grand corps, elle sera acheminée à l’Exécutif pour publication dans le journal officiel « Le Moniteur ».

Toutefois, en considérant la lettre de l’Exécutif adressée au Bureau de la Chambre des députés, il est à prévoir que le gouvernement soulèvera des objections. La ministre des Affaires sociales, au terme d’une séance de travail au Sénat, le jeudi 5 février 2009, avait annoncé le dépôt prochain au Parlement d’un projet de loi de l’Exécutif sur le salaire minimum.

Plusieurs personnalités du secteur des affaires avaient par ailleurs souhaité que toute augmentation du salaire journalier tienne compte des conditions difficiles dans lesquelles évolue ce secteur et souligné qu’elle peut être cause de compression du personnel. Par ailleurs, une rencontre a eu lieu entre la Commission des affaires sociales du Sénat, la ministre des Affaires sociales et des personnalités qui auront à faire partie du Conseil d’administration des organes de sécurité sociale (CAOSS). Formé de neuf membres issus des secteurs patronal, syndical et étatique, le CAOSS aura à surveiller et à contrôler le fonctionnement de différentes entités publiques de sécurité sociale.

HAITI / SANTÉ PUBLIQUE

Un système totalement en faillite !

Le ministre de la Santé publique et de la Population (MSPP), le Dr Alex Larsen, a présenté, le 2 février, au cours d’une conférence de presse, le bilan de ses cent premiers jours à la tête du ministère et dégagé des perspectives pour l’année fiscale 2008-2009.

Cette rencontre avec des journalistes rentre dans le cadre du programme « Bilan et perspectives des institutions de l’État », initié par le Centre d’information et de communication publique (CICP) du ministère de la Culture et de la Communication (MCC) en vue de rendre plus accessibles les informations relatives aux actions du gouvernement.

Le ministre de la santé, s’est dit sérieusement préoccupé par la détérioration de la situation sanitaire dans le pays. Les structures sanitaires de référence placées dans les dix départements géographiques du pays, en particulier les hôpitaux, entre autre l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), selon lui, « demeurent les plus grands malades du système sanitaire haïtien ». Selon le ministre Larsen, « comparativement aux autres pays de la Caraïbe, notre système sanitaire est dans un état déplorable ».

Se référant à des statistiques, il en a dressé du même coup un sombre tableau. Le docteur Larsen a dit avoir trouvé, à son arrivée au ministère en septembre dernier, une situation des plus difficiles au point de vue sanitaire.

Mortalité maternelle et infantile : une véritable préoccupation

« Haïti présente un taux de mortalité maternelle lors des accouchements évalué à 630 morts pour 100 mille naissances vivantes. La mortalité infantile s’élève à un taux de 57 morts pour 1 000 naissances. C’est le taux le plus élevé de la Caraïbe. Ce qui nous montre clairement que la situation sanitaire n’est pas normale en Haïti. Nous sommes les plus mal foutus de la région. C’est une situation inacceptable », a déploré Alex Larsen.

« Nous avons 3 % d’Haïtiens qui vivent actuellement avec le virus du VIH/Sida. Pour ce qui concerne les cas des maladies pulmonaires (tuberculose…), on a recensé un total de 180 pour 100 mille habitants ; 40 % de la population n’ont pas accès aux soins de santé ; 60 % seulement de femmes accouchent dans des conditions plus ou moins acceptables.

Au point de vue de la protection des enfants, 41 % seulement ont été vaccinés. Toujours au point de vue d’accès à la santé, le besoin de 40 % de femmes du pays n’est pas satisfait », a poursuivi le ministre. Ce dernier a souligné que le taux de la malaria enregistré ces jours-ci dans le pays n’a jamais aussi élevé depuis 1980.

Une enquête conduite par le ministère de la Santé publique a recensé près de 243 sections communales dépourvues de structures sanitaires. En plus d’une insuffisance budgétaire, le système sanitaire national fait face à une inadéquation accrue de ressources humaines par rapport aux besoins de la population. Le pays ne dispose que de 50 officiers sanitaires auxiliaires, a appris, à titre d’illustration, le Dr Larsen.

« Chose certaine, a-t-il insisté, ces cadres constituent la base dans la lutte préventive contre les maladies. » Le ministre Alex Larsen en a profité pour dénoncer un manque de coordination dans le mode d’intervention des partenaires internationaux dans le secteur de la santé. « Je pense qu’il y a une sorte de désordre au niveau des ONG. On a l’impression que chaque ONG fait ce qu’elle veut, comme elle veut », a-t-il déploré.

Les priorités

Soucieux de porter une réponse à la situation, a dit le ministre, un plan stratégique a été élaboré qui prévoit de « réduire le taux de mortalité au moins à 50 %, diminuer le nombre de personnes infectées du VIH/Sida à 30 %, éradiquer éventuellement la propagation du virus au sein de la population, réduire le taux de mortalité infantile et juvénile à 50 % et la tuberculose à 30 % ».

Pour parvenir à des résultats probants, les responsables sanitaires envisagent, a expliqué le ministre de la Santé publique et de la Population, « de décentraliser le système dans l’ordre ; d’améliorer la qualité des soins de santé à tous les niveaux dans le pays ; de construire des structures de santé et revitaliser les hôpitaux de référence, afin de desservir convenablement la population et, enfin, de régulariser le secteur ».

D’après le Dr Larsen, les priorités de son ministère pour l’année 2008-2009 consistent à mettre en place un système d’information sanitaire ; former des ressources humaines à tous les niveaux ; rendre disponibles les médicaments essentiels et rationaliser la gouvernance du ministère.

« On projette également de faire face à des maladies prioritaires, entre autres, la malaria, la tuberculose et le sida », a informé le ministre Larsen, indiquant au passage que des fours crématoires seront disponibles dans toutes les structures sanitaires afin de procéder à la brûlure des déchets sanitaires.

Pour réaliser leurs objectifs, les responsables du ministère de la Santé publique prévoient un budget de fonctionnement et d’investissement de 8 milliards 796 millions 7 mille 861 gourdes. De ces fonds, 2 % seulement proviendront du Trésor public, le reste dépend totalement des bailleurs de fonds internationaux.