jeudi 12 mars 2009

LÉGISLATIVES AVRIL 2009

« Le processus est en bonne voie », soutient le porte-parole du CEP

Le porte-parole du Conseil électoral provisoire (CEP), Frantz Bernardin a indiqué, lors d'une conférence de presse le mercredi 11 mars, que tout était en branle pour la tenue des élections sénatoriales partielles du 19 avril prochain et que toutes les mesures sont prises à tous les niveaux pour la bonne tenue de ces joutes.

Il en a également profité pour faire part d’une note de presse fixant la position de l’institution électorale sur l’action en justice intentée par Fanmi lavalas suite au rejet des candidatures présentées par cette organisation politique. « Ce mercredi, l’installation des Bureaux électoraux communaux a commencé à travers tout le pays et prendra fin le vendredi 13 mars.

Nous avons pour tout le territoire 426 membres qui seront répartis en groupes de trois dans les différents sièges », a informé Frantz Bernardin, qui a souligné que sont aussi en cours les diverses autres activités liées aux élections comme les maquettes des bulletins, le dossier des appels d’offre pour l’impression locale des bulletins.

« Nous effectuons des transferts de données avec l’Office national d’identification pour permettre une mise à jour plus rapide du système de distribution des Cartes d’identification nationale », a poursuivi Bernadin, assurant que les certificats des candidats sont déjà prêts et que ces derniers n’ont qu’à venir les réclamer. Le porte-parole a également exhorté les candidats à venir, dans le plus bref délai, faire les vérifications d’usage avant l’impression définitive des bulletins.

Sur le plan de la sécurité, il a dit que l’institution a des rencontres régulières avec les différentes forces de police présentes dans le pays. Les listes électorales seront bientôt prêtes ainsi que le matériel (urnes, isoloirs, etc.) pour la tenue des élections. Un plan de distribution des matériels sensibles est à l’étude. Le porte-parole du CEP a aussi annoncé que la campagne électorale débutera officiellement le 16 mars.

« Nous avons commencé avec la campagne de sensibilisation pour inciter la population à remplir son devoir civique », a-t-il fait savoir, assurant que « nous mettons tout en œuvre pour respecter la date butoir que nous nous sommes fixée ».

En ce qui a trait à la décision du juge des référés enjoignant le CEP de réintégrer la Fanmi lavalas dans le processus électoral, Frantz Bernardin a précisé que l’institution électorale n’est en conflit avec aucun parti politique, mais qu’en « matière électorale le CEP est le seul organisme compétent pour prendre des décisions, selon l’article 197 de la Constitution et que les tribunaux ordinaires ne sont pas compétents pour trancher dans le cadre des conflits soulevés à l’occasion des opérations électorales ».

La note de presse, émise à ce sujet, déplore par ailleurs que « le juge des référés n’ait pas donné aux avocats du CEP l’opportunité de s’exprimer ».

VISITE CLINTON ET BAN KI-MOON

Manifestation d’intérêt en faveur d’Haïti
« Je crois que l’avenir sera meilleur », déclare Clinton.

Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), Ban Ki-moon et l’ancien président américain William Jefferson Clinton ont laissé Haïti mardi à destination de Washington, en promettant de défendre la cause du pays auprès de la communauté internationale. « Je vais rencontrer le président Barack Obama et la secrétaire d’État américain Hillary Clinton.

Je vais leur dire qu’il a été possible de rétablir la paix en Haïti. Je vais leur dire aussi combien la situation économique est difficile et qu’il est important d’aider le pays à reprendre la voie du développement », a affirmé le numéro un de l’Onu, au cours d’une conférence de presse tenue à la base logistique de la Minustah, peu avant de regagner la République étoilée. « Il y a un certain degré de stabilité et d’ordre public.

Malgré tout, Haïti reste sous la menace des catastrophes naturelles. La communauté internationale doit continuer à appuyer le pays », a renchéri Ban Ki-moon qui effectuait en Haïti son deuxième voyage en moins de deux ans. Pour sa part, l’ex-président américain Bill Clinton, qui s’est montré intéressé par les éventuelles retombées positives de la prochaine conférence des bailleurs d’Haïti, a ajouté : « Je vais veiller à ce que cette réunion soit un grand succès pour Haïti ». Clinton a exprimé tout son optimisme pour l’avenir du pays. «J’ai effectué plusieurs voyages ici, dont le premier remonte à 35 ans."

C’est la première fois que je suis frappé par cette possibilité de sortir le pays de la pauvreté, une position à défendre dans la conférence des bailleurs. Nous mettrons tout en œuvre pour prouver que cette possibilité existe et que l’aide au développement peut rapporter », a-t-il poursuivi.

Cependant, l’ex-locataire de la Maison Blanche croit qu’il est urgent pour le gouvernement haïtien de prendre des mesures énergiques pour réduire les dégâts causés par des catastrophes naturelles, créer des emplois, construire des infrastructures pour développer le secteur du touristique. L’ex-président américain a convié les autorités gouvernementales haïtiennes à lire le rapport Paul Collier qui a motivé son voyage en Haïti et à faire les remarques subséquentes. Le document, rédigé à la demande les Nations unies, fait actuellement l’objet d’un débat au bureau du secrétaire général Ban Ki-moon.

Soulignant les dégâts des dernières catastrophes naturelles et la récession économique qui ont frappé le pays en 2008, l’économiste Paul Collier estime que la situation d’Haïti est loin d’être désespérée si on la compare à celle d’autres États fragiles.

Il propose de mettre en oeuvre une stratégie réaliste pour établir une sécurité économique rapide. La délégation, arrivée lundi en Haïti, comptait, en plus du secrétaire général des Nations unies et William Jefferson Clinton, une quinzaine d’investisseurs étrangers dont le rappeur d’origine haïtienne Wyclef Jean.

« Nous sommes venus en Haïti avec le président Clinton pour faire part de notre solidarité au peuple haïtien et pour mettre les défis auxquels le pays est confronté en tête des priorités de la communauté internationale », a affirmé M. Ban Ki-Moon à son arrivée dans la capitale haïtienne.

Ce message d’espoir a été transmis au peuple haïtien lors d’une conférence de presse conjointe du président haïtien René Préval, du secrétaire général des Nations unies et de l’ancien président américain. Selon le patron de l’Onu, « une vraie fenêtre d’espoir s’ouvre pour le pays ». Cependant, « sortir Haïti de l’impasse dépendra de la volonté de l’ensemble des Haïtiens », a-t-il prévenu. De son côté, René Préval a expliqué à ses hôtes le contexte difficile dans lequel Haïti se débat depuis deux ans.

« Votre visite nous trouve encore sous l’effet de trois ondes de choc qui ont secoué notre pays en 2008 : l’escalade du prix du pétrole, l’augmentation rapide du coût des denrées alimentaires et les quatre cyclones et ouragans que vous connaissez. Une visite qui nous inspire aussi que nous ne sommes pas seuls et que le dur labeur auquel le peuple haïtien doit s’atteler pour la nécessaire reconstruction du pays ne vous laisse pas indifférents » a déclaré le chef de l’État René Préval. «L’année 2008 avait bien commencé. La stabilité politique commençait à se renforcer.

Les principaux résultats au niveau de l’économie rassuraient les investisseurs : inflation maîtrisée, Produit intérieur bruit (PIB), redevenu croissant après de nombreuses années de chute continue, situation de l’emploi améliorée... C’est cette dynamique que les ondes de choc de 2008 ont cassée. Ce qui alourdit davantage le fardeau des Haïtiens au quotidien. C’est ce qui fait aussi que le peuple haïtien ne comprend pas la réduction de plus 40 % que ses partenaires financiers ont imposée à leur aide au pays au titre de l’appui budgétaire. Haïti a plus que jamais besoin de la solidarité de la communauté internationale », a conclu René Préval.

Pour sa part, Bill Clinton, ovationné par des sympathisants lavalas qui ont organisé, lundi, une manifestation pacifique en faveur du retour physique en Haïti de l’ex-président de Jean-Bertrand Aristide, a invité les Haïtiens à se tourner vers l’avenir.Sur des pancartes que brandissaient les manifestants, on pouvait lire : « We want Aristide back home. We love Hillary and Bill Clinton. Let our Aristide back home! «Traduire littéralement : nous voulons le retour d’Aristide au pays.

Nous aimons Hillary et Bill Clinton. Ramenez-nous notre Aristide ». Des indications créoles du genre « Vle pa vle, titid nan wout » se lisaient également sur les pancartes.La manifestation lavalas , sur la route de l’aéroport et devant le siège du Palais présidentiel, n’a pas eu l’effet escompté de l’avis de certains observateurs qui qualifient la déclaration de Clinton de « douche froide » pour les manifestants.

« L’une des choses importantes que je peux vous dire est que votre avenir peut être meilleur que votre passé. Je crois que l’avenir sera meilleur » martelé en effet Clinton. Le principal instigateur du retour à l’ordre constitutionnel en 1994 (une intervention militaire qui avait reconduit Aristide au pouvoir, trois ans après avoir été victime d’un coup d’État militaire) pense que le Canada et les États-Unis ont une dette envers Haïti car leur économie profite en grande partie du travail fourni par des Haïtiens.

Au cours de son séjour qui aura duré moins de 24 heures, la délégation s’est rendue dans une école primaire religieuse à Cité Soleil et dans un centre de talents à Turgeau. Elle a également rencontré des hommes d’affaires haïtiens avant de s’entretenir avec les autorités du pays.

Un grand dispositif de sécurité a été mis en place dans plusieurs artères de la capitale. Des agents de différentes unités de la Police nationale d’Haïti (PNH), dont le Swatt, le Cimo, Bim, et des policiers administratifs barricadaient le Palais national. Les forces de l’ordre avaient également monté la garde dans les parages de l’aéroport international Toussaint Louverture. Des blindés de la mission onusienne ont été également remarqués peu avant l’arrivée de la délégation.

Par Ladenson Fleurival (Source : Le Matin du mercredi 11 mars 2009)

PÉTION-VILLE / ÉCOLE / EFFONDREMENT

Par Sylvestre Fils Dorcilus

Nérette : côté gouvernement, déjà l’oubli …

La mémoire de l’effondrement, le 7 novembre 2008, de « La promesse collège évangélique » à Nérette, Pétion-Ville, reste encore vivace. Chez les nombreuses familles endeuillées. Chez les amis des victimes. Chez les rescapés. Mais, côté gouvernement, d’autres priorités semblent avoir pris le pas sur cette tragédie qui a fait une centaine de morts et presqu’autant de blessés… Et, naturellement, les engagements, pris sur le théâtre de l’effondrement et dans le cadre de cérémonies hommage aux secouristes, tardent à se concrétiser.

Samedi 7 mars 2009. Quatre mois que l’établissement « La promesse collège évangélique », s’est effondré aux heures de classe, à Nérette, Pétion-Ville. Une centaine d’écoliers disparaît dans la tragédie. Plusieurs dizaines de blessés, dont certains resteront handicapés pour le reste de leur vie, sont recensés.

Autorités gouvernementales et municipales, accourues sur les lieux, se confondent, devant les caméras des télévisions, en promesses d’assistance aux parents des victimes, aux écoliers survivants et professeurs. Quant aux mesures à prendre pour qu’une telle catastrophe ne se répète plus, c’était la surenchère.

Mais aujourd’hui encore, parents et écoliers de Nérette attendent et, dans la région métropolitaine, les vielles bâtisses, transformées en établissements du savoir, continuent d’être des menaces. Sur les débris de « La promesse collège évangélique » en passe de devenir un lieu de pèlerinage, mercredi matin, riverains, parents, survivants, professeurs et curieux sont venus à nouveau se recueillir.

La consternation se lit sur les visages. Certains, les larmes aux yeux, s’adressant aux membres de la presse, ont exprimé leur indignation face à ce qu’ils appellent « l’irresponsabilité des dirigeants ». Sur une chaise roulante elle a été amputée de la jambe gauche -, Rébecca Norice, 17 ans, en pleurs, dit souhaiter regagner le chemin de l’école l’année prochaine.

« Heureusement elle a eu la vie sauve quoiqu’elle souffre terriblement. Elle doit être opérée sous peu de la jambe droite », apprend sa mère, visiblement déchirée par le chagrin.« En me trouvant ici ce matin, je me sens en train de revivre un autre vendredi 7 novembre. Je ne pourrai jamais oublier mes trois enfants disparus. Ô mon Dieu! », sanglote une mère dans la quarantaine, venue assister à une conférence de presse organisée par l’Asosyasyon viktim yo nan dram Nèrèt (Assovinèrèt).

Constituée de professeurs et de parents, l’association voulait rappeler aux autorités leurs promesses et engagements. Pas moins de trois commissions, dont une dite interministérielle, ont été formées peu de temps après la tragédie dans l’objectif d’assister les victimes et rescapés.

Une enveloppe de 16 millions de gourdes, tirée des fonds du programme d’urgence conçu au constat des dommages de la saison cyclonique, a été décaissée par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales et remise à l’Administration municipale de Pétion-Ville pour aider les parents à organiser des funérailles dignes des disparus et couvrir les premiers frais d’hospitalisation et autres soins pour les blessés. Mais depuis ?« Les autorités, malgré leurs promesses publiques, n’ont accordé aucune attention aux parents des victimes et enseignants rescapés et écoliers survivants de la tragédie.

Pas même un appui psychologique ne leur a été apporté, alors qu’une commission a été également créée à cette fin », ont déploré les membres d’Assovinèrèt, soulignant par ailleurs que la majorité des enseignants rescapés, qui n’avaient pour seul et unique emploi que leur chair à « La promesse », sont aujourd’hui au chômage dans un pays où il n’y a pas d’assistance-chômage.

Justice et réparations…

Informés de la libération, depuis fin décembre, dans des conditions peu claires, du directeur de l’établissement scolaire effondré, en l’occurrence le révérend pasteur Fortin Augustin, les parents des victimes ont crié au scandale.

Becker Jean-Baptiste est indigné. Près de quatre mois après avoir enterré trois de ses sept enfants victimes de l’effondrement, il vit, à l’instar de tant d’autres parents, difficilement ces pertes.

« Nous demandons justice et réparations pour nos enfants victimes. Ce n’est pas normal de procéder à la libération de Fortin Augustin sans procès », tempête-t-il.Selon certaines sources, Fortin Augustin aurait déjà touché d’une compagnie d’assurance. Laquelle ? Les sources n’ont pu préciser. Toutefois, elles signalent que la mairesse de Pétion-Ville, Claire Lydie Parent, n’avait pas été en mesure de prouver à la justice qu’elle avait interdit la construction de l’établissement effondré.

Établissements scolaires, états lamentables

Malgré des mesures drastiques annoncées après l’effondrement de « La promesse collège évangélique » et la création d’un comité ad hoc pour une évaluation sommaire des bâtiments scolaires, l’aspect physique de plusieurs écoles de la région métropolitaine laisse craindre un effondrement « plus tragique » que celui de « La promesse ».

Deux ou trois établissements ont été certes visités et leurs propriétaires sommés de les sécuriser. C’était dans la semaine d’après la tragédie. Mais, depuis, personne n’entend plus parler de ces mesures. Le temps qui fait toujours son œuvre, là aussi, l’a fait. Néanmoins, la mémoire de Nérette restera toujours vivace. Pour certains.