lundi 5 janvier 2009

CAP-HAITIEN / TOURISME

Le site touristique de Labadee revendiqué par des particuliers

« Les terres données en bail à la Solano par l’État haïtien en 1980 aurait été confisquées arbitrairement au temps de la dictature de Duvalier ; elles appartiennent aux familles Doyen Pierre et Saint-Vil qui auraient secrètement conservé leurs titres de propriété jusqu’au soir de leur vie », a-t-on appris. Les héritiers Doyen Pierre et Saint Vil Pierre ont fait appel à un cabinet d’avocats. Une première action en justice a été intentée contre la compagnie de téléphonie mobile Voila.

Un tribunal du Cap-Haïtien a condamné en effet Voilà à verser 500 000 (cinq cent mille) gourdes de dommages et intérêts « pour avoir pénétré illégalement sur l’habitation Duclos pour y installer des équipements ».

Voilà avait sous-loué de la Solano, elle-même fermière de l’État haïtien. Une décision de justice saluée par les héritiers Saint-Vil et Doyen Pierre qui envisagent de s’en prendre à « d’autres occupants illégaux de leurs terrains ». Selon Arnold Thélusma, proche des prétendants héritiers, la Société Labadee Nord (Solano) pourrait être la prochaine compagnie à être sommée dans cette affaire.

Le site touristique de Labadee reçoit les luxueux navires du croisiériste Royal Caribbean International (RCI). Chaque semaine, quatre ou cinq navires de la RCI mouillent dans la baie de Labadee, réputée pour ses plages entourées de montagnes à la végétation luxuriante. Le site de Labadee rapporte annuellement plus de 2 millions de dollars américains à l’État haïtien.

NOUVEL AN

Duvalier et Aristide : des voeux de solidarité complémentaires

Le premier jour de la nouvelle année a été marqué non seulement par le discours traditionnel du président de la République, René Préval, dans une ville des Gonaïves toujours marquée par les cicatrices des inondations de la saison cyclonique, mais aussi par les voeux de deux ex-présidents d’Haïti, Jean-Claude Duvalier et Jean Bertrand Aristide, tous deux vivant en exil.

Cette année encore, les ex-présidents Jean-Claude Duvalier et Jean Bertrand Aristide ont, à l’occasion du nouvel an, formulé leurs voeux à la nation haïtienne. Jean-Claude Duvalier vit depuis quelque 22 ans en France et Jean Bertrand Aristide, depuis environ 5 ans en Afrique du Sud.

Dans leurs messages de nouvel an, les deux ex-présidents ont tenu à présenter leurs sympathies aux parents et proches des victimes de la saison cyclonique et de l’effondrement du bâtiment qui logeait La Promesse Collège évangélique dans le quartier de Nérette à Pétion- Ville. Environ 90 élèves morts et un grand nombre de blessés ont été enregistrés dans cet effondrement. L’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier émis le voeu que 2009 soit, pour le peuple haïtien, « une année de l’unité qui nous permettra de regagner toutes les forces mobilisatrices et le sens profondément moderne du mot patriotisme ».

« Que l’année 2009 soit une année empreinte de solidarité au cours de laquelle les Haïtiennes et Haïtiens puissent manifester des valeurs qui ont toujours fait la force de notre pays », a poursuivi Jean-Claude Duvalier, insistant sur la refondation d’une société haïtienne qui aille « dans le sens de l’inclusion sociale, de la justice, de la solidarité, de la croissance, de l’emploi, de l’intelligence, de l’innovation et de la créativité ».

De la solidarité dans l’unité

Pour sa part, Jean Bertrand Aristide a, lui aussi, salué la mémoire des victimes des dernières intempéries survenues en août et septembre dernier et de celles de la tragédie de Nérette le 7 novembre de la même année. Après avoir adressé ses salutations et ses voeux aux habitants de toutes les sections communales et quartiers populaires du territoire national, l’ex-président Jean Bertrand Aristide a évoqué la situation socioéconomique et politique du pays.
Il a fait un survol historique tout en mettant particulièrement en exergue les stratégies politiques du précurseur de l’Indépendance, en l’occurrence Toussaint Louverture qui, a-t-il dit, reste un guide pour tous les chercheurs en sciences sociales. « Chaque 1er janvier ressemble toujours à une page blanche dans le cahier de l’histoire.

À la page du 1er janvier 1804, nos aïeux avaient écrit un grand testament de dignité afin que tous les Haïtiens puissent vivre en toute liberté, égalité et fraternité. Le testament est usé certes, mais le contenu du document reste inchangé », a martelé Aristide, rappelant que Toussaint Louverture plaida pour « l’inclusion et la justice sociales sur le plan du droit économique et politique de chaque Haïtien sans distinction aucune ».

Jean Bertrand Aristide s’est dit convaincu que son « départ forcé » pour l’exil pèse énormément dans la balance socioéconomique et politique du pays. « Dènye kou deta 29 fevriye 2004 la, kase tout kolòn vètebral peyi a bout pa bout, san poutchis yo pa janm jwenn bout ki gen sèvo a. Mennen koulèv la lekòl se youn, fè’l chita se 2. Pèp la granmoun depi nan zòtèy rive jouk nan tèt li. An bon kreyòl, pòch li vid, men tèt li pa vid. Lè kou deta fann yon peyi 2 bò, fòk minorite a rekole ak majorite a tankou 2 bò yon sèvo », a déclaré Aristide.

Abordant la question de la cherté de la vie qui a occasionné, en avril dernier, des émeutes de la faim en Haïti, Aristide a dit croire que ce problème peut trouver une solution si les responsables d’État y mettent une réelle volonté. Il suffit, a-t-il dit, d’emboîter le pas de façon méticuleuse sur la voie d’une politique soutenue où l’on accordera une grande priorité à la production nationale.

Alix Laroche ( Source : Le Matin 5-6 janvier 2009)

GONAÏVES / COMMÉMORATION DE L’INDÉPENDANCE

2009 : une année difficile, prédit René Préval

Le 1er janvier 2009, aux Gonaïves, à l’occasion de la célébration du 205e anniversaire de l’Indépendance nationale, le président René Préval a prédit une année 2009 difficile pour Haïti.
Comme pour les messages du 1er janvier 2007 et du 1er janvier 2008, le président a insisté sur le thème de la paix, mais dans une approche différente. En 2007, le chef de l’État avait souhaité un véritable engagement en faveur de la démocratie et de la paix pour combattre l’arbitraire, la criminalité, le banditisme, la déprédation, le vol.

En 2008, cette paix était encore prônée par le président dans les mêmes objectifs. En 2009, le président René Préval invite à construire la paix pour favoriser la stabilité devant aboutir à la relance de l’économie et au départ des troupes étrangères. Face à une année qui s’annonce difficile par rapport à la crise économique mondiale, le chef de l’État s’est gardé, dans son message du début d’année, de s’étendre en promesses.

Le 1er janvier 2007, le président René Préval avait promis l’élaboration d’un plan de développement de 25 ans. Un plan, encore en attente, qui devait résulter d’un dialogue entre toutes les forces nationales politiques, économiques et sociales.
En 2008, marquée particulièrement par les « émeutes de la faim », les promesses présidentielles avaient plutôt porté sur la création d’emplois pour combattre la cherté de la vie, le développement de l’agro-industrie, bref, le renforce- ment de la production nationale, et la lutte contre la corruption. Le président avait également annoncé la construction, dans les 140 communes de la République, de complexes culturels et sportifs équipés de matériels technologi-ques modernes.

Pour cette année 2009, le président René Préval promet la construction de routes pour favoriser la relance des activités touristiques, agricoles et commerciales. « 2009 sera l’année des grands chantiers à travers le pays ». L’accent a été mis sur l’action du Centre national des équipements (CNE), déjà en oeuvre sur les routes de Miragoâne (Nippes) et de Malpasse (Ouest).

Le président René Préval annonce pour ce mois des travaux routiers pour relier Cazal (Ouest) à La Chapelle (Artibonite), Titanyen (Ouest) à Saut d’Eau (Centre). Des travaux sur la route Cayes-Jérémie doivent débuter au cours de l’année. 99 millions de dollars auraient été investis pour rééquiper le CNE. Le chef de l’État souhaite que les moyens soient accordés au CNE dans le Budget 2008-2009, à l’étude au Parlement.

À chaque année son bilan…

À chacune de ces années, son bilan. Des bilans qui accusent des retards dans la concrétisation de bon nombre de promesses. Le 1er janvier 2008, le président René Préval s’était félicité de l’amélio-ration de la situation sécuritaire en 2007 et des mesures pour augmenter les recettes de l’État. En même temps, il avait annoncé pour bientôt le dépôt au Parlement d’un projet de loi sur l’évasion fiscale. Il avait fait également l’éloge de la détermination de l’équipe gouvernementale, conduite alors par le Premier ministre Jacques Édouard Alexis, dans le combat contre la corruption.

« 2008 restera une année inoubliable pour les Haïtiens et le monde entier », a déclaré, le 1er janvier dernier, le président qui a rappelé les émeutes de la faim ayant conduit, en avril, au vote de censure du Sénat contre le gouvernement du Premier ministre Jacques Édouard Alexis. René Préval a également souligné les effets dévastateurs de la tempête tropicale Fay et des ouragans Gustav, Hanna et Ike qui ont coûté la vie à 793 personnes et affecté plus de 850 000 autres. La construction de routes et la paix constitueront en 2009 les priorités du président René Préval. Rendez- vous est fixé au 1er janvier 2010 pour le bilan de 2009. Ce bilan, peut-être, tranchera-t-il sur les autres en répondant aux promesses de ce 1er janvier.

Jacques Desrosiers (Source : Le Matin 5-6 janvier 2009)

Remarque : Sur la Photo le chef de l’État René Préval et la première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis