jeudi 20 août 2009

HAITI / POLICE

Andrésol obtient un nouveau mandat

Depuis les résultats des élections controversées du 21 juin, le Sénat de la République a finalement trouvé un point de ralliement en la personne de Mario Andrésol. Tous les sénateurs ont voté pour le commandant en chef de la Police nationale qui succède ainsi à lui-même !

Si la séance de mardi soir paraissait bon enfant, c'est parce qu'il s'agissait de la ratification du choix de Mario Andrésol pour un second mandat de trois ans à la Direction générale de la Police nationale. La séance qui a commencé sans la présence du commandant en chef a été temporairement suspendue. Le temps pour Youri Latortue, président de la Commission Justice et sécurité du Grand corps, d'appeler son ex-compagnon des Forces armées d'Haïti démantelées. Appelé en catastrophe pour éclaircir des zones d'ombres qui entourent la ration alimentaire, l'assurance médicale et l'assurance-vie dont bénéficient les policiers, le commandant en chef de l'institution policière a mis seulement 15 minutes pour se présenter.

Le plat de la zizanie

L'air décontracté, Mario Andrésol a répondu seulement aux questions qui relèvent de sa compétence. S'agissant de la ration alimentaire des policiers, très critiquée pour son caractère corruptible, Mario Andrésol a souligné avoir hérité de cette pratique à laquelle il veut mettre fin. « Je n'ai pas inventé ce système. Il a été instauré depuis 2005. Dès le départ, j'étais contre ce programme qui représentait pour moi une aberration », a-t-il concédé. Chose certaine, a informé le directeur général, le programme sera suspendu d'ici le mois d'octobre. La décision aurait été prise suite à des audits externes commandités par le ministère de la Justice et celui de l'Economie et des Finances. « Un audit externe au Sénat de la République serait le bienvenu », souhaite la sénatrice Edmonde Supplice Beauzile.

A l'issue d'une séance très animée et d'une série de questions pertinentes, l'assemblée a ratifié, sans surprise, le choix du chef de l'Etat de reconduire Mario Andrésol à la tête de l'unique force de sécurité nationale. Quinze des seize sénateurs présents - le président du bureau ne jouissant pas du droit de vote - ont donc approuvé à main levée le choix du chef de l'Etat, René Préval. Les débats tournaient, entre autres, autour de l'absence de policiers dans certaines zones du pays, particulièrement dans les points frontaliers.

Andrésol plébiscité

Les sénateurs, après critiques et suggestions, ont salué à l'unanimité les efforts consentis par l'administration Andrésol pour débarrasser l'institution policière de ses éléments mauvais et mettre en déroute les gangs qui occupaient des quartiers entiers de Port-au-Prince et de certaines villes de province, dont les Gonaïves. Au-delà du démantèlement de redoutables gangs, les parlementaires ont recommandé au patron de la PNH d'oeuvrer pour l'amélioration des conditions de vie des policiers et de corriger certaines lacunes de son premier mandat.

« Pour ce deuxième mandat, je n'ai pas droit à l'erreur. Nous continuerons à travailler davantage pour satisfaire la population, mais aussi maintenir le climat de sécurité », promet Mario Andrésol sous le réconfort du vote massif que le Sénat lui a accordé. Le Patron de la PNH entend prendre en considération les recommandations et suggestions des sénateurs. Il a cependant plaidé pour une augmentation du budget de fonctionnement et d'investissement de l'institution policière. D'ici à 2012, Mario Andrésol souhaite faire passer l'effectif des policiers de dix mille à quinze mille agents en fonction. Il promet également d'apporter des améliorations dans divers services comme la police routière, la police frontalière et environnementale.

Les accidents de la circulation seraient l'une des principales causes de décès dans le pays. Le président de la Commission Justice et Sécurité du Sénat, Youri Latortue, le sait bien au point de prôner la « mise en place d'une vraie direction nationale de circulation, avec les mêmes services offerts à Port-au-Prince ».

Claude Gilles et Robenson Geffrard (Le Nouvelliste : 19 août 2009)

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